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Vie et verité

13 février 2015

LES CAUSES DE L’ARRIVEE DANS LA RUE

 

Certains enfants arrivent dans la rue à cause leur comportement parfois jugé bizzard, d’autres  enfants  sont  également  rejetés, de manière radicale, par leur famille. C’est le cas des  enfants  accusés  de  sorcellerie,  une  pratique de plus en plus répandue dans notre milieu. La violence du rejet familial modifie la façon dont ils s’insèrent dans la vie dans la rue. Le processus d’aller-retour entre la rue et  la  famille ne pouvant  avoir  lieu dans  leur cas, le passage à la vie dans la rue est immédiat et radical.

Les enfants accusés de sorcellerie est la problématique autour de laquelle gravite notre action.  Des enfants en situation difficile sont accusés de sorcellerie, des enfants issus des familles recomposées et orphelins.

L’histoire de tels enfants rend compte de l’évolution progressive d’une représentation malfaisante de l’enfant (liée à son origine incestueuse et à sa vulnérabilité) vers une représentation d’enfant dit sorcier. La plus part de ces enfants sont victimes d’un problème d’appartenance, de filiation, car il est issu d’une union non autorisée  par  la  tradition, par exemple, par la pauvreté.  L’enfant  devient  donc l’objet de la honte. Seule sa grand-mère semble avoir  été  bienveillante  pour  lui.

Ce  phénomène  d’accusation  d’enfants  sorciers met en évidence une profonde crise des représentations  sociales  en  République  du Congo. La société est passée d’une perception traditionnelle du phénomène  sorcier  (qui ne concernait que  les adultes) à une perception « pseudo  religieuse  »  alimentée par de nouveaux  leadeurs  religieux  qui  font  des  séances d’exorcisme un véritable fonds de commerce. L’accusation de sorcellerie devient un prétexte pour discréditer et se séparer d’une personne jugée indésirable.

Dans  les  contextes  de  confits  armés  et  de sortie  de  crises,  le  phénomène  des  enfants   des rues peut être étroitement lié à celui à la problématique des enfants soldats. Les enfants vivant dans la rue sont facilement accessibles pour être enrôlés en tant que jeunes soldats. De même,  à  l’issue  des  confits,  les  enfants soldats  peuvent  n’avoir  d’autre  choix  que   celui de la vie dans la rue compte tenu de leur parcours, de  ce qu’ils ont  vécu,  subi ou  fait. L’enrôlement d’enfants et d’adolescents dans les confits armés est une raison supplémentaire qui peut les conduire à vivre dans la rue.

Comprendre qui sont les enfants des rues et les  raisons qui poussent des enfants à vivre dans la rue et à s’y maintenir invite à s’interroger sur la façon dont les enfants et jeunes des rues vivent dans  l’espace urbain. La rue constitue le lieu d’origine de leurs ressources de vie, qu’elles soient économiques, humaines ou parfois ludiques, les ressources économiques. Certains enfants, notamment les « enfants dans la  rue  », peuvent  être  scolarisés  le matin  et mendier ou travailler dans les rues le reste de la journée avant de rentrer dans leur famille la nuit venue. D’autres, ceux dits « enfants de la rue », doivent y trouver tous leurs moyens de subsistance. Les plus  jeunes et  les nouveaux arrivants vivent essentiellement de la mendicité, un moyen  lucratif commun aux enfants des rues à travers le monde. Apanage des plus jeunes qui suscitent davantage la compassion des riverains et des passants que les plus âgés, la  mendicité  est  souvent  exploitée  par  ces « grands » de la rue en échange d’une forme de protection sécuritaire.

Les activités rémunératrices évoluent en fonction  de  l’âge mais  aussi  de  la  durée  de  vie dans la rue. Les enfants passent d’une activité à  une  autre  en  fonction  de  leur  capacité  à   se mouvoir dans  la ville, à être un  leader de groupe et par conséquent à diriger  les nouveaux venus.

Nous continuerons la semaine prochaine avec le thème des enfants de la rue, comment vivent-ils dans la rue.

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